Une grossesse pas comme les autres

 

Le test de grossesse   12980642_10209577105451379_339564807_n

Je m’appelle Amélie et j’ai 28 ans. Je suis enceinte de presque 4 mois et je suis la « triplette » comme ils disent ! Mon chéri Alain et moi attendons effectivement des triplés pour le mois de décembre, des triplés monozygotes, c’est-à-dire issus du même œuf. Ni FIV, ni traitement hormonal, c’est même une surprise totale puisque nous n’essayions pas d’avoir d’enfant du tout.

Je prenais la pilule, mais j’en avais changé récemment. Mes cycles n’étaient plus réguliers depuis. J’ai commencé à me poser des questions lorsque j’ai eu presque deux semaines de retard sur mon jour théorique. J’ai envoyé mon homme en mission «test de grossesse» à la pharmacie, mais je ne l’ai pas fait de suite. J’ai attendu trois ou quatre jours encore, en me disant que, quand même, ce n’était pas possible !

Finalement, je me suis lancée, un matin, sans lui dire. Je ne sais pas comment cela se passe chez les autres, mais j’ai fait le test et, comme une idiote, je suis restée assise sur les toilettes à regarder le petit sablier clignoter. D’un coup, il s’est arrêté, l’écran est devenu vide puis a affiché « Enceinte »! Nooon !!!

« Heuuu, Chéri, viens voir !!! » Nous avons vécu un grand moment d’émotion. Nous en avions déjà parlé, bien sûr, vu mon retard de règles, mais là, c’était pour de bon.

Une grossesse ordinaire

Un rendez-vous chez le gynécologue a été pris deux jours après le test de grossesse. A l’écho, nous avons pu observer un petit sac, ce qui signifiait qu’un petit être était bien en train de pousser. Je n’ai pas pu garder le secret bien longtemps. Je crois que, deux jours après, mes parents et ma sœur étaient au courant. Bien que ce bébé ne soit pas prévu, nous étions trop heureux…

Deuxième échographie, deux semaines plus tard. La gynéco souhaitait nous revoir pour mieux dater la grossesse et programmer les visites obligatoires. Un début d’embryon est visible, tout se passe bien.

C’est à la troisième échographie que les surprises ont commencé…

Et un, et deux…  12969373_10209577105251374_1651903536_n

Le début d’examen se passe normalement. La gynéco nous montre l’embryon (qui ressemble plus à une sorte de tortue, selon moi !), nous fait écouter son petit cœur… un moment magique, je dois dire. C’est la première fois pour moi, mon chéri étant déjà papa, pourtant nos yeux brillent autant.

Et puis, je m’aperçois d’une autre tâche sur l’écran. N’ayant jamais vu d’écho auparavant, je pense alors que c’est un reflet ou je-ne-sais-quoi. Alain aussi la voit mais pense comme moi. Au moment où je m’apprête à demander au médecin de quoi il s’agit, elle se fige et me regarde, les yeux écarquillés : « Je crois qu’il y en a deux ». Avec Alain, on se regarde et là encore : Nooon !!!

On fût surpris, mais sans plus en fait. Il y a beaucoup de jumeaux du côté de son papa et du côté de ma maman. On en avait parlé, on pouvait s’y attendre et, c’est vrai qu’on s’était dit que ce serait sympa d’avoir deux bébés d’un coup. Ça a donc été une grande joie en sortant du cabinet ! On a couru l’annoncer à tout le monde et les réactions ont été les mêmes que la nôtre. Tout le monde était emballé, c’était super.

Et trois bébés ! 12968617_10209577105491380_1828217746_n

Puisque je me retrouvais enceinte de jumeaux, la gynéco a bien sûr voulu nous revoir deux semaines plus tard. Nous étions ravis : nous allions revoir nos « crapauds » plus vite que s’il n’y en avait eu qu’un.

Nous voilà devant l’écran. Les tortues de la dernière fois ressemblent davantage à des bébés, on arrive à en deviner les formes. Au bout de cinq minutes d’examen, le médecin s’interrompt et s’en va « chercher un joker », selon ses propres termes. On se regarde avec Alain et se dit : « Il y en a un troisième, ce n’est pas possible ! Tu as vu tout ce qu’il y a sur l’écran ? Et pourquoi elle part ? »

Revoilà notre gynéco, accompagnée d’une de ses collègues qui nous salue et nous demande de suite si nous avons beaucoup de jumeaux dans la famille. Jusque-là, rien d’anormal, nous attendons effectivement des jumeaux… On lui explique brièvement que les deux familles en comptent et que, par conséquent, nous ne sommes pas plus étonnés que ça. C’est donc cette gynécologue-là qui reprend l’examen.

Au bout d’une ou deux minutes, elle s’adresse à mon médecin : « Oui oui, tu as bien vu… » Mais vu quoi ??? Et c’est là qu’elle nous annonce LA nouvelle : « Hé bien, en fait, il y en a trois ! »

Le « choc » de l’annonce

Aucun mot n’a pu sortir, nous étions scotchés. Trois ? Mais, comment ? Je n’ai pas suivi de traitement, je n’ai pas fait de FIV… une grossesse triple spontanée ça ne court quand même pas les rues ! C’est d’ailleurs la première question que me posent les gens : «As-tu eu recours à un traitement quelconque pour en attendre trois ?»

Passé le « choc » de l’annonce (autant pour nous que pour ma gynéco), il a rapidement fallu organiser la suite des événements. Je ne pourrais plus être suivie par mon médecin habituel, mais par un spécialiste des grossesses multiples, à Marseille. Nous voilà donc futurs parents de triplés. Cela explique donc le fait que j’avais déjà pris du ventre à même pas deux mois de grossesse… Tout s’éclaire !

L’annonce fait l’effet d’une bombe partout où l’on en parle. Je deviens l’attraction : «C’est toi la femme d’Alain ? Tu attends des triplés alors !» Ouiii, j’attends des triplés, ouiii, je suis enceinte d’à peine trois mois et j’ai pourtant un ventre d’une femme enceinte de quatre ou cinq mois… Pfff, c’est le côté lourd de la chose !

Parce qu’en fait, de notre côté, on s’est fait à l’idée d’avoir trois bébés d’un coup. Les débuts vont sûrement être difficiles, mais on va avoir trois fois plus de tout. Au final, on ne s’imagine pas se passer de deux d’entre eux, même s’ils ne sont pas encore là.

Vrais ou faux triplés ?

Arrive enfin le premier rendez-vous avec le spécialiste. J’en suis à 12 SA et quatre jours. Il va enfin pouvoir nous dire si ce sont des vrais ou faux triplés. L’échographie est normale, tout ce petit monde pousse normalement. Pour lui, il y a un couple de vrais jumeaux et un troisième. Les trois bébés seraient donc issus de deux ovules différents.

Il ne résiste pas à nous faire une petite blague au passage : « Alors, voilà votre premier bébé, le deuxième est là, le troisième en haut, et le quatrième… » Là, tout le monde arrête de respirer. Ma mère, qui nous accompagne, reste figée. Je regarde le médecin, les yeux écarquillés et la bouche ouverte : « Quoi ? Comment ? Hein ? » J’en oublie même de parler correctement ! « Non, ne vous inquiétez pas, je rigolais… » Super drôle ! Il a surtout failli nous tuer sur place.

Maintenant que nous détenons une première information, commencent les paris : deux filles/un garçon, deux garçons/une fille, trois garçons ou trois filles ? Dans notre entourage, chacun y va de son avis et nous nous lançons dans la liste des prénoms potentiels.

Mais l’échographie suivante, quinze jours plus tard, nous stoppe dans nos pronostics : il n’y a qu’un seul placenta, donc un seul œuf. Autrement dit, ce sont de vrais triplés ! Le spécialiste de Marseille est sûr de lui, mais, vu qu’il nous a dit le contraire deux semaines auparavant, nous espérons encore qu’il s’agisse de faux triplés. Primo, ce serait moins risqué (et c’est le plus important) et, deuxio, on aimerait bien avoir les deux sexes dans le trio…

Un début de grossesse idyllique

Je me porte à merveille ! La fatigue des trois premiers mois est passée, je recommence à avoir une vie sociale. Par chance, je n’ai pas eu une seule nausée, juste quelques aigreurs d’estomac que j’ai vite appris à calmer (une petite compote ou un biscuit et c’est terminé).

Mon ventre pousse plus vite que la normale, ça oui ! Mais à part ça, tout va bien. Tout le monde est aux petits soins, je n’ai le droit de rien faire de trop fatigant : « Tu comprends, tu en as trois, il faut faire attention »… c’est le top ! J’en profite un maximum, car lorsque les trois crapauds seront là, je ne serai plus la star.

Je commence à sentir bouger les poussins, même si ce ne sont que des sensations de chatouilles à l’intérieur de mon ventre. Le papa, lui, ne sent rien, du coup il râle.

Plus de peur que de mal

Petite frayeur quelques jours après cette échographie : j’ai fait un vol plané dans la baignoire ! Bien sûr, il faut que je sois enceinte pour que ça m’arrive…

Je n’ai pas tapé le ventre, mais la glissade n’a pas dû leur plaire là-dedans ! J’ai ressenti une grosse douleur au niveau du bas-ventre. Chéri-chéri me gronde, il est trop inquiet pour me laisser partir au travail et m’emmène directement chez ma gynéco pour une vérification.

Ouf, plus de peur que de mal ! Je ne m’en tire qu’avec deux gros bleus. Le placenta est intact et le col n’a pas bougé. On en profite pour discuter plus tranquillement, les échographies habituelles étant plus « techniques » et consacrées aux mesures des bébés.

Ma gynéco, dont c’est la première grossesse multiple, prend plaisir à balader la sonde sur mon ventre. Elle nous montre leurs petits cœurs qui battent, des mains et des pieds partout. On en profite pour lui demander si elle voit déjà quelque chose (ou pas !) entre les jambes. Elle en trouve un en position parfaite et… il a un petit zizi ! S’il s’agit vraiment de vrais triplés, cela signifie qu’on va avoir trois garçons. Elle préfère ne pas s’avancer. Je ne suis enceinte que de trois mois…

De mon côté, je sens de plus en plus les bébés. J’ai toujours ces sensations de chatouilles dans le ventre, auxquelles s’ajoutent des sortes de vagues légères. Je prends quelques coups aussi, rares, mais ça arrive, surtout quand le papa (qui est ravi parce qu’il sent enfin quelque chose) pose sa main sur mon ventre et le secoue pour les réveiller !

La révélation des sexes 3 garcons

Arrive l’échographie suivante avec notre spécialiste. Nous sommes impatients. Nous prenons très vite goût au fait de voir les bébés toutes les deux semaines. J’en suis à 16 SA et quatre jours.

Et c’est parti pour les mesures habituelles ! L’examen dure au moins une heure, à chaque fois. Une chance : il est venu avec un interne, à qui il explique tout.

D’habitude, il est plutôt silencieux sauf pour répondre à nos questions et attend la fin de l’examen pour nous expliquer ce qu’il a vu. Là, il montre tout à son collègue : la vessie, les poumons, les reins, les bras, les jambes, le sexe… « Ah, le sexe ? Alors, vous voyez ? » Oui, il distingue quelque chose. Il va nous dire pour les trois et ainsi confirmer ou infirmer son diagnostic de vrais triplés.

On commence notre équipe de foot

Fœtus A est un garçon ! Sans être gynécologue, on ne peut pas rater le petit zizi qui dépasse et flotte dans le liquide amniotique. L’examen continue… Passons au fœtus B : encore un garçon ! Là non plus, impossible de le manquer. Et enfin, le fœtus C. C’est le plus petit des trois. Il est placé en haut de l’utérus, c’est lui qui s’était caché au début. Et lui aussi, c’est un garçon ! On commence une équipe de foot !!!

Un petit bémol vient « gâcher » la fin de l’échographie : le spécialiste nous parle d’un retard de croissance chez le troisième poussin. Il nous dresse le pire scénario : un arrêt de croissance ! Bon, il est obligé de nous le dire, mais ce n’est pas très rassurant. Malgré tout, il n’est pas inquiet. Pour lui, il n’est pas si en retard que ça et c’est vraiment le pire des cas qu’il nous a présenté. Donc, on ne s’affole pas, on continue la zen attitude (stresser serait peut-être pire pour lui) et on attend juste avec impatience la prochaine échographie.

Du coup, je me concentre pour bien sentir le troisième bébé bouger. Tant qu’il remue, c’est qu’il pousse, ce petit coquin.

Ce retard de croissance qui nous inquiète…

Deux semaines se sont écoulées depuis la dernière échographie, où nous avons – il faut bien l’avouer – un peu flippé. L’annonce de ce fameux retard de croissance, chez le troisième bébé, m’a tracassée, mais je me suis interdit d’y penser les jours qui ont suivi. Je me sens très bien, mon ventre pousse et tout le monde bouge là-dedans. Donc, tout va forcément bien !

18 SA et quatre jours, direction l’hôpital Nord de Marseille pour l’échographie avec un nouveau gynécologue, congés d’été obligent. C’est carrément le chef du service de médecine fœtale qui nous reçoit et pratique l’examen. La sœur d’Alain nous accompagne. En effet, mon chéri m’avait annoncé qu’il serait coincé au travail. La dernière écho ne s’étant pas très bien passée, je ne voulais pas être seule, au cas où… Finalement, il a réussi à se libérer, nous voilà donc tous les trois dans la salle d’échographie. Le médecin nous accueille, avec, à ses côtés, deux autres personnes. Nous sommes six, au total, là-dedans !

Tout le monde va bien

Comme d’habitude, l’examen dure environ 1h-1h15. Toujours ce silence de plomb, entrecoupé de petits mots que l’on s’échange avec Alain ou ma belle-sœur lorsque l’on voit un pied, une main ou quelque chose de rigolo… Peu importe le gynéco, c’est toujours pareil : il reste hyper concentré, ne dit rien et explique seulement à la fin de l’écho ce qu’il a vu. C’est assez déstabilisant la première fois, mais, au final, on s’y fait et préfère même qu’il soit si concentré.

Verdict : tout le monde a bien grandi. Le petitou suit sa courbe. Il a pris moins de poids que les deux autres (environ 50 g contre 70 g) mais a un peu plus grandi (2 mm de plus de longueur fémorale que ses frères). Il fait 200 g, les deux autres environ 250 g. Il est toujours plus petit, mais le gynécologue est rassurant : il pousse, son doppler cardiaque est normal et côté vitalité fœtale, c’est plus que bon !

Des triplés monozygotes : un cas exceptionnel ! monozygotes

Ouf, tout le monde va bien, nous sommes soulagés. Je sors de l’hôpital avec un énorme sourire, rigolant encore de la petite remarque qu’il nous a fait quand on partait : « Vous savez que vous êtes en train de vivre quelque chose de spécial ? Parce que trois bébés pour un seul placenta, c’est exceptionnel ! Deux placentas pour trois bébés, c’est courant pour des triplés, mais là, des monozygotes, c’est vraiment incroyable…» Merci Professeur, nous n’étions pas au courant. Nous avions une chance sur 1,6 million pour que cela arrive (la scission en trois d’un seul œuf), selon des statistiques trouvées sur Internet, donc, oui, c’est effectivement exceptionnel !

Petite anecdote en passant : le loulou d’en haut, qui est le plus petit, nous a fait mourir de rire. Il est placé de telle sorte que ses pieds se retrouvent pile à la hauteur de la tête d’un de ses frères. Et il lui a envoyé un coup, digne d’un futur karatéka ! On l’entendait presque dire : « Tiens, ça c’est parce que tu me prends ma nourriture ! »

Nous avons les prénoms amelie 3

Nous voilà donc sereins pour la suite. Je suis impatiente d’être à la prochaine échographie, non pas par inquiétude, mais juste pour voir mes petits crapauds.

Les jours passent, je me sens toujours aussi bien. Je fais un peu de rétention d’eau, soit. Mais franchement, je ne connais pas les petits bobos de la femme enceinte, je suis plutôt épargnée pour le moment, c’est génial.

Nous avons aussi révélé à nos proches les prénoms que nous avons choisi pour nos petits mecs. J’avais dit à ma sœur que je lui réservais la surprise pour son anniversaire, tout le monde était impatient. Ce sera donc Mahé, Damien et Hugo. Nous voulions trois prénoms qui ne se ressemblent pas… Ils ont fait l’unanimité !

Les bébés, les bébés… et moi alors ?

Nous avons eu le plaisir de revoir nos loustics plus tôt que prévu. Ma gynéco (la vraie, celle qui me suivait avant ma grossesse !) a souhaité nous voir entre deux rendez-vous à l’hôpital, à la fois pour son plaisir personnel, je pense, mais aussi pour me suivre, moi. Les échos faites à Marseille se concentrent sur les petits, on ne m’examine pas moi, la future maman. Du coup, c’est elle qui va s’occuper de mon cas, laissant le côté technique des mesures fœtales aux spécialistes.

Du coup, huit jours à peine après la dernière échographie, nous revoilà de nouveau chez un gynéco. Je ne coupe pas à la montée sur la balance. Aïe, moi qui pensais qu’elle oublierait. Le résultat de +10 kg semble élevé, j’entame à peine le cinquième mois… En même temps, j’ai trois bébés là-dedans et je mange correctement, donc je ne vois pas comment faire pour ne pas prendre, à part entamer un régime, mais ce n’est pas le moment !

Mon examen est normal, le col est parfait, je n’ai pas de contractions. Comme je le disais, je me sens vraiment bien, je n’ai pas l’impression d’avoir trois bébés qui poussent dans le ventre (pour le moment).

Encore une écho, pour le plaisir

Ma gynéco ne résiste pas à me faire une échographie. Elle nous précise tout de suite qu’elle ne va pas faire de mesures, qu’elle laisse ce côté-là aux médecins de l’hôpital, mais que l’on va regarder si leurs petits cœurs battent bien et jeter un œil. C’est un moment assez privilégié, je trouve. Je le partage avec ma petite sœur qui nous accompagne.

La gynéco prend le temps de nous montrer les bébés, nous faire écouter leurs cœurs, sans le côté très sérieux (mais indispensable) des autres échos. Elle nous montre le petit zizi de celui d’en haut. Il écarte bien les jambes et nous montre ses fesses ! Puis, elle part à la quête d’un visage. Je dis ça parce que ça a été plus que difficile. Lors de la dernière écho, le petit d’en haut était bien collé sur le haut et le petit de droite en siège. Cette fois, ils sont tous tête vers le bas, rangés comme des sardines dans une boîte ! Quand vous essayez de prendre un cliché du visage de l’un des petits, l’un des deux autres frères vient forcément s’incruster devant. Nous avons bien rigolé et fini par avoir des clichés d’une des frimousses. C’était un moment vraiment agréable, où l’on oublie un peu que l’on vit une grossesse à part…

Les bébés prennent de plus en plus de place

Les bébés bougent de plus en plus. Le papa prend des coups, les bébés réagissent même plus à ses caresses qu’aux miennes et il adore ça. La grossesse suit son cours.

Après le dernier rendez-vous, plus marrant que les autres, les choses suivent leur cours.

Je me sens toujours aussi bien, même si mon utérus est bien haut maintenant. Je suis un peu plus gênée pour manger ou respirer, mais rien de bien méchant. Les bébés bougent de plus en plus. Papa prend des coups, les bébés réagissent même plus à ses caresses qu’aux miennes et il adore ça.

Le prochain rendez-vous avec le spécialiste arrive rapidement, on ne voit pas le temps passer. Je suis à 21 SA.

C’est une interne, présente à la dernière échographie, qui nous fait l’examen. Elle est très sympa et très enjouée par la présence des triplés. Les poches de liquide sont comme il faut, je leur ai apparemment fait de belles piscines, dixit celle-ci.

L’examen est long, le nombre de clichés élevé, elle fait toutes les mesures morphologiques. Cette échographie est faite un peu en avance parce qu’après, elle sera plus délicate vu le nombre de bébés. Les médecins ne veulent rien rater.

Tout le monde a bien poussé, les trois bébés suivent une courbe de croissance normale. Le plus petit, qui avait fait des siennes au début, évolue aussi très bien. Il est en-dessous de la courbe de référence, mais il continue de grandir comme il faut. Il pèse toujours moins lourd que les autres (300 g contre 360 g) mais c’est lui qui bouge le plus. Une vraie pile électrique !

On découvre leurs frimousses en 3D

Bien qu’ils soient trois, l’interne veut tenter l’échographie 3D. Alain et moi sommes contents, on ne pensait pas y avoir droit, c’est en tout cas ce qu’on nous avait dit.

Et là, elle réussit à attraper les trois petites frimousses ! Bon, concernant Mahé, il faut deviner son nez et ses yeux, mais on voit très bien qu’il a un grand sourire. Damien nous montre bien son petit nez, sa bouche, ses yeux, mais il cache une partie du visage avec sa main droite… Quant au petit crapaud Hugo, plus difficile à attraper que ses frères vu qu’il bouge plus, il se laisse finalement photographier ! On ne voit pas tout mais on distingue la forme de son nez. On en rigole dès qu’on regarde, car il semblerait qu’il ait hérité du nez de son papy maternel ! On hallucine de voir nos loulous comme ça, on a encore plus envie de les voir en vrai.

La spécialiste revient alors et vérifie rapidement les mesures de l’interne et j’ai – enfin ! – droit à un examen du col par un autre gynécologue que la mienne. Après une petite hésitation, elle conclut sur un col fermé, semblant plutôt surprise qu’il le soit encore maintenant. Mais tant mieux, je rentre chez moi avec pour consigne de faire attention et de me reposer dès que je le peux. Prochain rendez-vous dans dix jours.

Tout va bien, ou presque

Les dix jours sont encore passés à une vitesse éclair ! J’ai pu me rendre au mariage d’une amie et en profiter malgré mon « état ». Je sens de plus en plus distinctement les mouvements des bébés dans mon ventre. Il devient juste difficile de savoir qui donne un coup, c’est pas mal mélangé là-dedans !

Mon spécialiste est enfin revenu de vacances, c’est lui que l’on voit pour cette nouvelle écho. Je suis à 22 SA + 6 jours.

Finalement, c’est l’interne présente aux deux dernières échos qui commence l’examen. Mon spécialiste étant appelé pour une urgence, elle lui avance le travail en attendant.

A ce stade, on ne voit plus rien. On devine par-ci par-là un pied ou une main, on tente de voir un profil au passage, mais le jeu est compliqué. Toutes les mesures habituelles de vérification de croissance sont prises : périmètre crânien, périmètre abdominal, longueur de fémur, etc. Nos bébés pèsent 525 g, 470 g et 355 g. Le plus petit, Hugo, grandit doucement par rapport à ses frères mais suit toujours une courbe de croissance correcte.

Les dopplers ombilicaux et cérébraux sont, comme à chaque fois, un vrai jeu de cache-cache. Après x tentatives, ouf, c’est bon. Ils sont normaux pour les trois petits. Le doppler ombilical du plus petit est plus élevé que les autres mais c’est apparemment normal. Il faut juste surveiller que les dopplers ombilicaux des deux autres ne chutent pas, pour éviter le phénomène du « transfuseur-transfusé ».

Enfin, l’interne propose de vérifier l’état de mon col. Je m’installe, elle commence l’examen. Alors que jusqu’à présent, tout allait pour le mieux, d’un coup, tout bascule…

Mon col est ouvert

En passant la sonde au niveau de mon col, l’interne s’affole : « Mais il est ouvert ! ». Elle commence à mesurer, une fois, deux fois, trois fois… Et tout ce qu’elle me dit c’est : « Je crois qu’on va vous garder ». Moi, détendue et ne trouvant pas que l’image soit différente de celle d’il y a dix jours, je lui réponds : « Vous rigolez ? » « Ah non, non, pas du tout ! »

J’ai l’impression de prendre une bombe sur la tête, je ne m’attendais pas à ce que ça vienne si vite. Et surtout, je n’ai pas encore préparé de valise, ni rien ! Elle finit d’enregistrer ses mesures et images et nous laisse là ; on doit attendre le retour de mon spécialiste, c’est lui qui va trancher.

Nous voilà donc tous les deux dans la salle d’examen échographique, à attendre. Alain est inquiet, je le vois dans ses yeux. Je râle : « Je ne reste pas ! Je te préviens, je ne reste pas là ! ». Le pauvre. J’ai envie de pleurer, je ne veux pas rester toute seule à l’hôpital, surtout à Marseille…

L’attente est longue. On en profite pour ressortir le dernier résumé d’examen où l’on m’avait déjà mesuré le col, dix jours auparavant. La mesure donnée est 33 mm. Cette fois-ci, ok, c’est ouvert sur 1 cm mais la longueur de col est à 29 mm. Pas si différent de 33 !

On accueille mon spécialiste comme le messie. Il regarde les clichés, reprend quelques mesures pour le petit. Je suis impatiente, je veux qu’il regarde le col ! Il y passe enfin et semble immédiatement rassuré. Je pense que l’interne s’était affolée et l’avait inquiété alors qu’il n’y avait pas de raison franche de l’être. Sa mesure à lui aussi est la même : 27-29 mm. C’est là qu’à commencé une sérieuse « négociation ».

Je ne dois plus bouger

Le spécialiste me demande si je suis au repos chez moi. Je n’ose pas lui dire que, malgré trois bébés dans mon ventre, je fais les boutiques, repasse, fais ma salle de bain à fond, danse au mariage de ma copine, vadrouille à droite à gauche… je vis normalement, quoi, je ne suis pas malade ! Quand il me répond que si je suis au repos chez moi et que le col semble s’être ouvert, il va falloir qu’il m’hospitalise le jour même, j’ai avoué de suite ! Ça l’a fait rire, et du coup, on a conclu un marché : je suis au repos total à la maison (pas de ménage, pas de voiture, rien de rien) ou, au moindre écart, c’est l’hospitalisation directe !

J’ai donc pu repartir de là-bas, non sans un grand soulagement. Mais l’attente jusqu’au prochain examen risque d’être plus longue enfermée chez moi. Et je vais avoir la crainte, à chaque fois, qu’ils veuillent me garder.

Maintenant, c’est maison. Je ne suis pas sortie depuis le jour de l’écho, sauf une fois pour faire la reconnaissance anticipée des petits à la mairie. Les journées sont un peu longues, même si la famille et les amis tentent de venir me voir pour me tenir un peu compagnie. Mais bon, c’est pour la bonne cause, non ?

Les bébés se portent à merveille

Nouvelle échographie, à 24 SA + 5 jours. Je vois le spécialiste de Marseille, mais à l’hôpital près de chez moi, pour m’éviter de faire des kilomètres en voiture. Je suis pour la première fois toute seule à une échographie, Alain n’a pas pu se libérer du travail cette fois-ci.

Ma gynécologue habituelle, que je n’ai pas vu depuis cinq semaines, me rend visite un petit quart d’heure, avant mon examen. On discute de mon dernier mois. Elle me prescrit ce qu’il faut, me fait passer sur la balance (je n’ai pris que 2 kilos, merci la gastro !), examine mon col qu’elle trouve suffisamment « long »… Future maman OK !

Et me voilà partie avec mon spécialiste. Il fait ces mesures comme d’habitude, bébé par bébé, toujours le petit en dernier… Le suspense est toujours trop long. Il arrive enfin à lui et m’annonce qu’il fait 480-490g ! Wahouuuuu, je suis fière de lui ! Il a bien pris ce coquin ! Ces deux frères sont toujours plus gros, ils font environ 650 g chacun. Toutes les mesures sont bonnes, leur croissance normale. Il faut juste surveiller le doppler ombilical du petitou qui est moins bon que les deux autres, mais rien d’alarmant.

Passons enfin au col… Là, c’est moins fun d’un coup ! Juste au moment où il me place la sonde d’écho vaginale, il prend un appel. L’image arrive à l’écran. Je suis loin d’être une spécialiste mais je m’aperçois tout de suite qu’il y a du changement depuis la dernière fois.

On ne vous laisse pas repartir

L’ouverture du col, côté bébé, est beaucoup plus grosse et j’ai bien l’impression que la masse du col est moins importante qu’il y a dix jours. Je ne dis rien, j’attends, mais le regard qu’il m’adresse me fait penser que j’ai vu juste. Il raccroche et me dit simplement : « Il n’est pas beau votre col ». Hé oui, j’ai vu ! La mesure confirme : 13 mm de longueur de col et une ouverture sur plus de 2 cm. «Bon, je vais vous dire ce que vous ne vouliez pas entendre je pense, mais là, vous ne repartez pas ! »

Et là, je dois avouer qu’être sans Alain, ce n’était pas top. Le spécialiste est parti dans une discussion sur la survie des bébés, normale et obligatoire, mais l’entendre seule, j’étais un peu déphasée. Il a dû le voir et s’est aperçu que mon téléphone sonnait dans ma main. Il s’est arrêté et m’a dit de répondre et de faire venir le papa. C’était effectivement Alain qui s’inquiétait. Il était presque 12 h, alors que j’avais rendez-vous à 10h30, et il n’avait toujours pas de mes nouvelles.

Le papa enfin là, il a repris la discussion. Ma gynéco était arrivée entre temps. Il nous a donc expliqué qu’avec un tel col, je ne rentrais pas, même pas pour me faire une valise. J’allais être installée directement dans une chambre. Heureusement, ma gynéco a proposé de me garder là, parce que le discours initial était que je parte à Marseille…

Je savais bien que je finirai par être alitée à l’hôpital. J’espérais le plus tard possible, mais j’ai encaissé. Par contre, quand le médecin m’a clairement dit que si j’accouchais là, avant 26 SA, les chances de survie de mes bébés étaient quasi nulles, ça a été très dur.

Me voilà hospitalisée monitoring 2

Me voilà donc à suivre ma gynéco jusqu’à la maternité, située à l’étage du dessous, dans un état de semi-conscience. Même le spécialiste doit le sentir, je ne suis pas comme ça à la normale. Il a bien vu, depuis le temps, que je suis toujours enjouée et que je réagis toujours sereinement aux annonces moins « rigolotes » ! Il me suit dans le couloir en me disant de me reposer et que tout va bien se passer.

On m’installe dans une chambre et, heureusement, elle est individuelle. Vu les contraintes que l’on m’impose, je préfère : strictement alitée, je n’ai le droit de me lever uniquement pour aller aux toilettes. Je ne peux pas prendre de douche tous les jours et, quand je la prends, c’est assise sur une chaise. Alain me fait la toilette au lit, les soirs où je ne peux pas prendre de douche. Je suis allongée à longueur de journée. Pour l’instant, ça va, ça ne fait que quelques jours, je n’ai pas encore trop ressenti l’ennui (merci les magazines people et féminins), mais je ne sais pas si je serai aussi patiente dans 1 mois !

Je suis sous surveillance intense ici. On me fait un monitoring quotidien pour surveiller d’éventuelles contractions (je n’en ai pas encore eu, c’est bon signe !). Je reste à l’hôpital de Martigues tant que l’état est stable, on me transférera à Marseille à la moindre alerte. Le service là-bas sait déjà que je peux débarquer à n’importe quel moment.

Voilà pour les derniers rebondissements !

Ma vie à l’hôpital

J’ai l’impression que mon dernier texte remonte à des lustres, alors que deux mois seulement se sont écoulés. Nous en étions restés à mon hospitalisation, fin août…

Je suis un peu agacée de me retrouver clouée sur un lit d’hôpital. Je sais que c’est pour le bien des triplés, mais moi qui ne tiens pas en place d’habitude, les journées promettent d’être très longues. Je deviens adepte des magazines people et féminins. Je me lance dans le point de croix. Je brode un bavoir avec le prénom d’un des petits. Pas mal… Si si, je vous assure !

Mes journées sont ponctuées par le passage des sages-femmes, toujours stupéfaites que je leur dise que je vais bien. Lorsqu’elles m’amènent mes plateaux-repas, c’est l’occasion pour moi de papoter un peu en attendant mes visites de l’après-midi.

Tous les lundis, j’ai également droit à une échographie du col par ma gynéco, si le spécialiste de Marseille n’est pas en consultation.

Les échographies s’enchaînent et se ressemblent

La première échographie a lieu une semaine après mon entrée à l’hôpital. Le col n’a pas bougé. Ouf ! En même temps, je suis très sérieuse : je ne me lève vraiment que pour aller aux toilettes. Je reste en position semi-allongée 90 % du temps. Un jour sur deux, Alain me fait ma toilette au lit (tel une aide-soignante diplômée !) et, l’autre jour, je prends ma douche, assise sur une chaise. Autant dire que je reste très raisonnable.

La deuxième écho du col est réalisée le 5 septembre par ma gynéco. Le spécialiste a un imprévu, il ne consulte pas ce jour-là. Une fois encore, le col n’a pas bougé. Il nous fait même un truc bizarre : il semble se refermer quand le médecin commence l’examen. Nous simulons alors une contraction en pressant mon ventre et nous le voyons se rouvrir ! Je dois avouer avoir peur qu’il n’arrête pas son ouverture ! Heureusement, tout est ok. Le col n’est qu’à 13 mm environ, mais il ne bouge pas, c’est le principal.

Du coup, je n’ai pas d’échographie de mes loulous, comme prévu. Mes deux gynécos se sont en fait arrangés entre eux : ma gynéco me fait l’échographie du col. Si celui-ci bouge, je suis aussitôt transférée à Marseille et le spécialiste contrôlerait la croissance des petits là-bas. Si le col ne bouge pas, il vient à Martigues exprès pour moi. Bingo, il fait donc un aller-retour le lendemain, uniquement pour moi (pas loin de 80 kilomètres, quand même).

A l’écho, nous voyons que mes petits bouts vont bien. Le petitou, Hugo, a toujours son retard de croissance, mais il prend 100g par semaine et ses dopplers sont bons. Les deux plus grands gardent un rythme de croisière de 200g/semaine. Tout le monde pousse bien là-dedans, je suis rassurée et me dis que tout cela en vaut la peine ! Parce que moi, je suis coincée sur mon lit d’hôpital, mais Alain, lui, doit jongler entre ses gardes à la caserne, ses visites à l’hôpital et tout le reste. Il commence à fatiguer !

On convient d’un prochain rendez-vous avec le spécialiste le lundi suivant, le 12 septembre. Puisqu’il vient à Martigues pour ses consultations, il veut en profiter pour vérifier que le plus petit des trois continue bien sa croissance.

Je suis la star de la maternité

La semaine se déroule normalement, toujours pas de contractions à l’horizon. Mes monitoring sont toujours bons : une ligne droite avec parfois un mini-pic, qui est interprété par les sages-femmes comme une contraction, même si je leur assure que, pour moi, ça n’en est pas…

Par contre, je commence à en avoir un peu marre du rythme « hôpital », avec un réveil à 6h du matin par la sage-femme qui me demande : « Pas de contraction ? Pas de saignement ? Ça ne brûle pas quand vous faites pipi ? ». Hé bien, chère amie, comment vous dire… vous m’avez posé ces mêmes questions hier soir, à 21h30, et depuis, je dormais bien profondément, donc je pense que je peux vous répondre non, non et non ! Je suis à la limite de l’envoyer promener.

Arrive le prochain rendez-vous «écho». Je suis devenue la star de la maternité avec ma triplette spontanée ! J’ai droit à mon petit goûter l’après-midi, à un jus d’orange sur mon plateau le matin…de petits riens qui font très plaisir.

Ce matin-là, je ne me sens pas comme d’habitude. Alain a dormi à l’hôpital et, c’est vrai que j’avais eu un peu mal au ventre, pendant la nuit. Comme il se déformait beaucoup au niveau où était placé Hugo, sur le haut, on pensait que c’était lui qui poussait avec ses pieds ou ses fesses. Mais, dès le réveil, j’ai comme des douleurs, en bas du ventre, que je n’avais jamais ressenties auparavant. Je ne suis pas du genre à m’alarmer donc je dis juste à la sage-femme pendant sa tournée que j’ai un peu mal au ventre mais que ce sont sûrement les bébés qui pèsent… Pas d’affolement, du coup, même si c’est vrai que la douleur ne fait qu’amplifier.

Branle-bas de combat, le col a bougé !

Je passe mon échographie ce jour-là, j’en suis donc à 27 SA + 4 jours. Les petits crapauds vont toujours bien. Le petit approche des 600g et les deux plus gros ne sont plus loin des 900g. Je prends toujours autant de plaisir à entendre leurs cœurs battre et à voir au passage une petite main ou un petit pied.

Le médecin est content, ça me rassure de voir que, pour lui, tout va pour le mieux ! Après toutes ces mesures, il me demande si je ressens parfois des contractions, je lui réponds que non. Du coup, il finit l’examen sans vérifier la longueur de mon col et me dit qu’il me laisse à Martigues au moins jusqu’à 30 SA, si ça reste comme ça. « Euh non, là il faut examiner mon col, docteur, parce que j’ai un peu mal au ventre depuis ce matin, je serais rassurée si vous regardiez ! », lui dis-je.

Son téléphone sonne, il décroche pour prendre la communication en même temps qu’il commence l’examen. Et là, je me dis que j’ai eu une super idée, parce que le col a bel et bien bougé ! Je le vois de suite et je vois aussi son regard quand il voit l’image à l’écran. Il n’est plus qu’à 5 mm de longueur et il est bien ouvert sur le dessus. La tête du bébé le plus bas, Damien, n’est vraiment pas loin. Quand le spécialiste raccroche, ses premiers mots sont : « Je vous ramène avec moi sur Marseille ». Je m’en doutais. Le voilà qui enchaîne les coups de fil pour organiser mon arrivée là-bas. J’en profite pour réclamer une chambre individuelle, parce qu’il existe, sur cet hôpital, des chambres triples voire plus, et c’est hors de question !

Mon transfert en urgence à Marseille

Je retourne dans ma chambre, pas trop rassurée, avec toujours ces petites douleurs en bas du ventre qui ressemblent à des douleurs de règles. Mais ce ne sont pas vraiment des douleurs gênantes, juste des petites crampes qui vont et viennent.

Les aides-soignantes débarquent pour commencer mes sacs, étant donné que je ne peux pas bouger. Autant vous dire que j’ai accumulé un paquet de choses en trois semaines ! Alain arrive aussi, il s’est excusé au travail pour venir récupérer mes affaires et venir avec moi à Marseille, au moins pour mon installation.

On attend l’ambulance qui va me transporter là-bas. La sage-femme me met sous perfusion, avec un médicament empêchant soi-disant les contractions (après-coup, je peux vous dire que c’était inutile). J’ai toujours ces crampes, de plus en plus douloureuses, que je commence à identifier comme des contractions, ce qui ne rassure pas Alain. L’ambulance arrive enfin, avec plus d’1h30 de retard sur l’horaire prévu. Je suis installée dedans tant bien que mal, ce n’est pas une ambulance grand luxe. Le transfert se passe plus ou moins bien, je continue à avoir des contractions et le moindre à-coup sur la route me lance dans tout le ventre.

L’arrivée à Marseille est un soulagement, d’autant plus que l’on me place dans une chambre seule avec une superbe vue sur la ville et la mer ! Finalement, je n’en profite pas puisque je passe l’après-midi allongée sur mon lit, tentant de gérer la douleur de plus en plus intense.

Elle me place les électrodes pour écouter les cœurs des triplés, plus l’électrode de mesure des contractions sur le milieu du ventre. Les bébés vont bien. Quant aux contractions, j’en ressens au moins 6 ou 8 sur les vingt minutes que dure le monitoring ! L’électrode est placée sur le milieu de mon ventre alors que les contractions ne sont pas uniformes sur tout le ventre. Juste le haut se contracte. Du coup, la sage-femme ne s’inquiète pas du tout. Je pense qu’elle est persuadée que c’est le stress du transfert et qui a déclenché ces contractions, que c’est le trajet qui les a provoquées et que le médicament va les calmer, et que la perf que l’on m’a posé va calmer tout ça. Elle doit aussi penser que je fais du cinéma ou que je suis douillette, j’en suis certaine !

Je passe une après-midi désagréable, ponctuée de contractions qui se rapprochent de plus en plus. Elles sont surtout de plus en plus douloureuses. Je suis assez résistante à la douleur, donc mes parents (venus me soutenir) et Alain voient bien que j’ai vraiment très mal. Ils ne savent plus quoi faire pour tenter de me soulager.