Ma naissance et l’hospitalisation

Les premières contractions

Une sage-femme vient me faire mon monitoring quotidien, que je n’avais pas eu le temps de faire à Martigues. Je me dis que l’on va enfin me croire pour mes contractions, parce que, depuis que je suis arrivée, tous me disent que c’est le trajet qui les a provoquées et que le médicament va les calmer.

Elle me place les électrodes pour écouter les cœurs des triplés, plus l’électrode de mesure des contractions sur le milieu du ventre. Les bébés vont bien. Quant aux contractions, j’en ressens au moins 6 ou 8 sur les vingt minutes que dure le monitoring ! L’électrode est placée sur le milieu de mon ventre alors que les contractions ne sont pas uniformes sur tout le ventre. Juste le haut se contracte. Du coup, la sage-femme ne s’inquiète pas du tout. Je pense qu’elle est persuadée que c’est le stress du transfert et qui a déclenché ces contractions, et que la perf que l’on m’a posé va calmer tout ça. Elle doit aussi penser que je fais du cinéma ou que je suis douillette, j’en suis certaine !

Je passe une après-midi désagréable, ponctuée de contractions qui se rapprochent de plus en plus. Elles sont surtout de plus en plus douloureuses. Je suis assez résistante à la douleur, donc mes parents (venus me soutenir) et Alain voient bien que j’ai vraiment très mal. Ils ne savent plus quoi faire pour tenter de me soulager.

Non, je ne fais pas du cinéma !

Lorsque mes parents partent, vers 18h, j’ai des contractions toutes les 5-6 minutes. Je suis à la limite d’arracher l’encadrement du lit à force de m’y accrocher. A chaque passage de la sage-femme, j’ai droit au même refrain : « Ne vous inquiétez pas, ça va passer ! ».

Alain est parti chercher son fils à l’école. Il revient pas longtemps après le départ de mes parents et constate que les contractions se sont encore rapprochées. Vers 19h-19h15, c’est maintenant toutes les trois minutes qu’il voit mon visage se transformer et se déformer de douleurs. Là, c’en est trop ! Il part chercher un médecin, il doit même s’énerver pour que les sages-femmes daignent m’en envoyer un. Elle nous fait quoi la triplette, du cinéma ?

Au final, crier porte ses fruits puisque l’interne de l’étage finit par venir me voir et accepter que l’on me descende en salle d’accouchement pour faire un examen. Ha, enfin ! J’ai cru qu’on allait me laisser souffrir comme ça pendant encore des heures.

Le travail a bel et bien commencé

Me voilà donc en salle d’accouchement. La sage-femme est sympa, elle m’aide à respirer comme il faut quand les contractions arrivent et commence à tout préparer. Elle place le monito et là, enfin, on voit des pics de contractions dessus. Hourra, on va enfin me croire !

La sage-femme passe alors à l’examen vaginal. Elle commence directement par : « Mais, vous avez perdu les eaux ! ». Comment ? Mais non ! Elle insiste, et moi j’insiste aussi pour lui dire que c’est impossible. Je veux bien n’avoir jamais été enceinte, mais je me serais quand même aperçue de quelque chose si j’avais perdu les eaux. J’ai trois bébés dans le ventre, il doit y avoir une sacrée quantité de liquide amniotique là-dedans. Elle effectue un prélèvement et finit par nous dire, qu’effectivement, la poche des eaux n’est pas rompue. Alain ne me le dira qu’après : c’était le bouchon muqueux que j’avais perdu… Le travail avait commencé !

Après ce soulagement de courte durée, la sage-femme passe au toucher du col pour voir si tout va bien. Elle le fait mais ne dit rien. Je ne suis pas plus surprise que ça, j’ai bien d’autres choses à penser. Je commence à avoir très mal, mais j’arrive encore à gérer et à garder les idées plus ou moins claires…

Direction le bloc, pour une césarienne en urgence

Arrive alors l’interne de garde. Le verdict tombe : « Elle est dilatée à 4-5 ». Je n’ai pas suivi de cours prénataux, mais je comprends tout de suite ce que ça veut dire : je vais accoucher ! A partir de là, mon cerveau se déconnecte du monde réel… Il ne faut pas que j’accouche là. « C’est trop tôt » est la seule phrase qui passe dans ma tête à ce moment-là. Je commence à réaliser que les bébés sont trop petits et qu’il y a trop de risques.

En plus de mon stress à moi, tout s’accélère et tout le monde s’affole autour de moi. On m’allonge pour me faire une écho afin de voir comment sont placés les petits. On me déshabille pour m’enfiler une blouse et on m’enlève mes bijoux. L’anesthésiste m’annonce que je pars au bloc en anesthésie générale et me pose plein de questions auxquelles je n’arrive pas à répondre tellement je suis perdue !

Arrive ensuite le gynécologue de garde. Quelle chance, c’est le mari de ma gynéco ! Je suis rassurée, c’est lui qui va me faire ma césarienne. Mais le pédiatre vient un peu assombrir le tableau : il nous annonce qu’il n’y a pas de place pour trois petits en réanimation pédiatrique, il ne peut en accepter qu’un seul. Alors là, je crois que si j’étais déjà pas mal déconnectée du monde réel, je n’y suis plus du tout connectée maintenant ! De toute façon, c’est le moment de partir au bloc.

Vite, endormez-moi !

Je pars complètement flippée. Alain ne peut pas assister à l’intervention du fait qu’on me fasse une anesthésie générale. J’arrive au bloc, il fait froid. J’ai toujours aussi mal et les contractions semblent s’enchaîner, elles doivent être toutes les 1 minutes 30 – 2 minutes maxi. Je ne gère plus trop, j’ai vraiment très mal.

On me place sur la table et les va-et-vient commencent. Il y avait déjà de l’agitation dans la salle d’accouchement où j’avais été accueillie mais là, tout le monde s’affaire sur moi en même temps. Je ne sais plus où donner de la tête : on me tire un bras pour une perf, l’autre bras pour une autre perf, on me passe une sorte d’élastique aux jambes, je sens que l’on me badigeonne le ventre de Bétadine, des personnes entrent, d’autres sortent… Alain, qui s’était placé devant la porte, pense qu’il y avait au moins quinze personnes. Après coup, on a recalculé : 2 gynécos, 3 sages-femmes, 3 pédiatres, 3 personnes à côté de ma tête pour l’anesthésie, des aides-soignantes, plus ceux que l’on a oublié !

On fait descendre des sages-femmes des étages pour moi. La maternité est overbookée : évidemment, je choisis d’accoucher un soir de pleine lune ! Tout ce qui compte pour moi, c’est que l’on m’endorme. Je n’en peux plus : la douleur, tous ces gens autour de moi, le stress de cet accouchement prématuré… Je finis par supplier l’anesthésiste de m’endormir. Elle me pose le masque, je sens l’odeur âcre de l’anesthésiant, quel soulagement.

Je me réveille : les triplés sont nés

Le plus dur est fait. Alain et nos familles subissent l’attente. Moi, je dors, donc je ne me rends pas compte du temps qui passe, mais eux patientent plus de 2 heures. J’accouche aux alentours de 20h45 et ils n’ont des nouvelles de moi et des petits que vers 23h. C’est un peu énervant, sachant que je suis en salle de réveil depuis 22h15.

Et quel réveil ! J’ouvre les yeux en pleurs. Je n’ai plus tous mes loulous. Je ne sais pas pourquoi, j’ai ce mauvais pressentiment qu’il est arrivé quelque chose à Hugo, mon petit crapaud qui avait du mal à pousser dans mon ventre. Et bien sûr, malgré mes larmes et mes demandes incessantes de nouvelles, personne ne me répond. Cela me conforte dans ma crainte. Le pédiatre finit par venir me voir pour m’annoncer que tous les petits vont bien. Je fonds en larme de soulagement !

Damien, l’aîné, pèse 950g. Mahé, le deuxième, 1110g. Et Hugo, 650g. Il garde sur place les deux plus petits mais envoie Mahé sur un autre hôpital de Marseille. Le médecin est si rassurant que je suis soulagée, même si mon bébé part loin de moi. Je me languis, maintenant, de retrouver Alain.

Je retrouve enfin Alain

Je suis bien réveillée. Je n’ai pas trop mal sauf quand la sage-femme vient m’appuyer sur le ventre pour vérifier que je ne fais pas d’hémorragie. Je finis par papoter avec les infirmières de la salle de réveil, tellement je m’ennuie.

On finit par me dire que je vais remonter dans ma chambre. Il est minuit passé. Les brancardiers viennent me chercher et dès que je sors de la salle de réveil, je vois Alain dans le couloir un peu plus loin. Il a les traits tirés mais, dès que nos yeux se rencontrent, tout est dit !

On arrive dans ma chambre, mes parents sont là eux aussi. Alain les a appelés quand je suis partie au bloc. Ils ont refait la route même pas 3h après être rentrés à la maison. On est tous fous de joie. Mes parents sont surtout soulagés de me voir remonter avec la pêche et le sourire. Les échanges des impressions va durer encore une petite demi-heure avant qu’ils ne repartent. Il est tard et la soirée a été riche en émotions.

Je ne verrai mes bébés que demain

Nous voilà donc tous les deux pour partager notre joie. Alain me raconte comment lui a vécu les événements. Il m’explique ce qui s’est passé pendant que je dormais, je lui explique aussi comment je me suis sentie.

Il a pu apercevoir les petits à la sortie du bloc, et Mahé, quand il partait avec le SAMU pour son transfert à l’autre hôpital. Aussi, il est déjà aller faire un tour en réanimation pédiatrique où ont été accueillis nos deux autres poussins, Hugo et Damien. Tout ce qu’il me dit, c’est que ce sont des petites crevettes trop, trop belles ! Je n’en doutais pas une seconde.

On discute comme ça jusqu’aux alentours de 3h-3h30. Il faut qu’il se repose, il est exténué. Moi, je dois dire que je suis en forme. J’ai fait une « sieste » de plus de deux heures en début de soirée, je n’ai pas du tout sommeil ! Il s’installe tant bien que mal pour dormir, pendant que moi, je pars dans l’écriture de SMS et mails pour avertir les copines.

Le seul petit bémol qu’il reste, c’est que je vais devoir attendre jusqu’au lendemain soir pour voir mes loulous. Et encore, si j’arrive à me lever sans avoir la tête qui tourne ! J’ai tellement envie de les voir que je serais capable de mentir pour être sûre d’y aller.

Ma rencontre avec mes triplés

Le lendemain de l’accouchement. Arrive enfin le moment de la tentative de lever avec la sage-femme. Première tentative, ratée. J’ai voulu faire vite, j’ai le tournis. La deuxième est la bonne. Je demande aussitôt un fauteuil roulant pour descendre en réanimation pédiatrique le plus vite possible. Au final, j’aurais enfin vu mes deux loustics, 24 heures après avoir accouché. L’endroit n’est pas génial, mais mon Dieu qu’ils sont beaux ! Ils sont effectivement très petits, surtout Hugo et ses 650g. Mais, ils sont tout beaux. Alain m’avait prévenue de tout l’attirail auquel ils ont droit, du coup, je ne suis pas plus perturbée que ça quand je les aperçois dans leur couveuse. En même temps, je crois que quand on devient maman, ce qui pouvait nous perturber avant, on ne le ressent plus quand il s’agit de nos enfants. Moi qui craignais le sang, je reste présente pendant les prises de sang des petits sans ressentir la moindre gêne.

Chaque soir, Alain m’emmène les voir vers 21h (après les visites et la tournée de la sage-femme de nuit). On passe un petit moment avec eux. Mahé est revenu, il n’aura passé que deux jours loin de ses frères. Ouf pour papa qui allait le voir chaque matin à l’autre hôpital, situé en plein centre de Marseille !

Les infirmières sont formidables

A chaque visite, nous passons environ ½ heure auprès de chaque bébé. Nous posons nos mains sur eux. A ce stade, la peau n’est pas encore finie, c’est comme une peau de grand brûlé, donc il ne faut pas les caresser, ça leur fait mal. Nous leur parlons, aussi.

Les infirmières me font porter des tissus dans mon t-shirt afin qu’ils prennent mon odeur. Elles les placent ensuite dans les couveuses. Tout est fait pour les rassurer avec des choses auxquelles ils sont habitués : mon odeur, ma voix et celle Alain, notre contact (même si c’est juste une main posée)…

Nous sommes rassurés par la bienveillance du personnel envers nos enfants. Les infirmières sont douces, elles s’adressent à eux comme si c’était les leurs : « Allez mon cœur, je vais te piquer » ou « Allez ma beauté, Tatie te change la couche ». Vous n’imaginez pas le bien que ça fait quand on les voit en action avec nos toutes petites crevettes qui semblent si fragiles. Elles sont formidables, je vous assure. Nous ne pouvons pas nous occuper d’eux, donc voir comment elles le font à notre place nous ravit !

Je quitte l’hôpital… sans mes bébés

Je ne reste à l’hôpital jusqu’au mercredi qui suit. Dans des cas comme le mien, on peut rester jusqu’à 12 jours après l’accouchement, au lieu des 5 prévus. Mais, j’ai tellement envie de rentrer chez moi, après un mois à l’hôpital, que je décide de partir. Je suis bien.

Alain veut être sûr que ma santé me le permet, parce que je vais faire deux allers-retours par jour en voiture pour aller voir mes bébés, soit en gros 200 km. Hé oui, parce que j’ai décidé de les allaiter.

Allaiter est un bien grand mot puisque je n’ai pas de bébé au sein. En fait, je tire mon lait depuis leur arrivée. J’en ai d’ailleurs des quantités hallucinantes, c’est dommage parce que j’aurai pu largement les nourrir tous les trois. Ce que je fais, c’est que je tire du lait en frais pour eux à la réa toutes les 12h (un biberon de 120-130 ml à chaque fois). Ils sont nourris par petites quantités pour stimuler la digestion. Ils n’ont encore pas dépassé les 1,5 ml par heure !

Le reste des tétées, je les fais chez moi et je mène le lait à l’hôpital où il est envoyé au lactarium. Il est traité puis congelé. Quand je n’aurais plus de lait, la biberonnerie qui gère cela décongèlera la quantité de lait nécessaire aux triplés, chaque jour. Mon lait qui ne sera pas utilisé sera destiné à d’autres prématurés, une fois les miens sortis de l’hôpital.

On commence à sortir la tête de l’eau

Depuis mon retour à la maison, ma vie tourne autour de mes allers-retours à la réanimation pédiatrique. Je suis assez fatiguée, je dois l’avouer, mais je le fais pour eux. Et pour moi aussi, parce qu’ils me manquent terriblement toute la journée !

Certains matins, je m’accorde une pause et je ne vais pas à Marseille. Je peux dormir plus tard, les infirmières prennent du lait de don aux petits (les prémas ne tolèrent que le lait maternel, pas de lait en poudre), je ne fais comme ça qu’un seul voyage au lieu de deux. Ce n’est pas grand-chose mais ça fait du bien, malgré tout.

Après presque six semaines d’allers et venues, on commence à sortir la tête de l’eau et à être mieux organisés. Il fallait que l’on trouve notre rythme. On a donc réussi à reprendre une vie sociale, pas comme avant mon hospitalisation, mais, déjà, on retourne au restaurant, manger avec les amis ou la famille.

Voyons le côté positif aussi : on peut préparer leur chambre que j’avais laissé un peu en chantier avant de rentrer à l’hôpital. J’installe tranquillement la décoration, je range le matériel et les vêtements que l’on m’a acheté ou donné… Je ne vous dis pas comme ils sont gâtés ! La poussette est dans le garage, c’est un engin de compétition. Ça promet de franches parties de rigolade quand on va commencer à l’utiliser et, aussi, quand les loulous vont commencer à peser leurs poids.

Le plus important : comment vont les triplés !

Je ne peux pas dire que les bébés vont bien, tout est beaucoup trop compliqué. Le problème majeur des très grands prématurés, comme eux, c’est la respiration. Leurs poumons ne sont pas finis. Du coup, ils sont intubés, sous respiration forcée ou artificielle. Jusqu’à il y a quelques semaines, aucun des trois ne pouvait vivre sans machine. Ils souffrent toujours de dysplasie broncho-pulmonaire, propre aux prémas.

Aujourd’hui, ils commencent à respirer en spontané, chose encourageante. Mais, même s’ils sont extubés, on n’est jamais à l’abri d’un retour en arrière. Les médecins tentent et voient comment le bébé réagit : s’il se fatigue, s’il montre de l’inconfort…

Mahé respirait seul, on l’avait donc extubé. Il n’avait qu’une aide en oxygène, au cas où. Mais les médecins ont dû le réintuber deux semaines après alors que ça fonctionnait plutôt bien. Il avait l’air fatigué, le bilan sanguin a montré une anémie.

Il faut s’armer de patience, ne pas être déçus si l’on repart en arrière, ne pas le voir comme un échec mais comme un soulagement pour le bébé. Et se dire que la prochaine tentative sera peut-être un succès. Il faut aussi jongler avec les infections, les transfusions, les bilans sanguins, les échographies multiples etc. Je peux vous dire que l’on est devenu expert en termes médicaux. Concernant les soins, on aide l’infirmière à les faire quand on est là, ce sont des petits moments privilégiés avec nos poussins.

Enfin, ils prennent du poids, et ça, c’est super positif. Mahé pèse maintenant un peu plus de 2 kg, Damien tourne autour des 1,9 kg et Hugo se rapproche des 1,4 kg. Sacrée croissance, n’est-ce pas ?

Ils ont besoin de nous, nous avons besoin d’eux…

Les bébés sont de plus en plus réactifs, nous regardent quand on leur parle, font de petits sourires, commencent à sucer leur pouce ou tous les doigts… On s’aperçoit, de plus en plus, qu’ils nous reconnaissent. Ça fait vraiment beaucoup de bien.

Le plus flagrant a été pour Hugo. Même si les deux autres réagissent à notre contact, Hugo est celui qui semble avoir le plus besoin de moi (et un peu du papa, aussi). Il n’a pas été très bien, il y a deux semaines. Sa respiration était difficile, ses besoins en oxygène étaient très élevés. Les infirmières ne savaient plus quoi faire pour le calmer, l’apaiser et baisser ses besoins. C’est moi qui ai été la solution. Hugo ne se calmait que quand j’étais là. Du moment que j’entrais dans la pièce, il ne faisait plus la foire et les infirmières arrivaient à rebaisser ses besoins en oxygène. Elles se sont toutes accordées à dire que ma présence était le médicament !

Voilà pour les derniers rebondissements. La patience est maintenant le maître-mot de notre vie. Chaque petite chose qu’ils font est un pur bonheur. On est tellement en manque d’eux que tout est décuplé. S’ils nous accrochent le doigt et ne veulent pas lâcher quand on veut partir, c’est presque comme s’ils nous disaient qu’ils nous aimaient !

On attend leur retour à la maison avec impatience. Normalement, ils ne les laissent pas sortir avant la date prévue du terme, soit le 17 décembre pour moi. On espère que le Père Noël va nous apporter le plus beau des cadeaux cette année.

J’ai arrêté d’écrire quand notre petit Hugo est parti rejoindre les étoiles, trop douloureux mais aussi envie de se recentrer uniquement sur Damien et Mahé, quitte à en zapper tout le reste.

Hugo nous a quittés le 5 novembre 2011. Il a fait un choc septique après avoir attrapé une troisième infection (un staphylocoque doré) depuis sa naissance. Nous avons donc continué à nous battre sans lui, mais fort de cet amour qu’il laissait dans nos cœurs.

Malgré la douleur de la perte de leur frère, la suite de l’aventure a été moins chaotique que nous ne le craignions, puisque Mahé et Damien ont continué à bien grandir, à faire de petits progrès chaque jour. Le moment fort a été leur passage en lit de grand ! Aaaaaaaaaah la sortie de couveuse !!!!! Voir nos petits bonhommes habillés, pouvoir les toucher directement sans une vitre au travers, leur faire mille bisous…. Même les infirmières de réa étaient contentes de « jouer à la poupée », elles qui ont la majeure partie du temps des nourrissons en couveuse !

Ils ont quitté à 15 jours d’intervalle la réanimation pédiatrique pour le service de néonatologie, un grand pas puisqu’il était synonyme d’une quasi autonomie respiratoire. Mahé en premier mon gros pépère, Damien ensuite plus fragile sur la respiration. Il ne leur restait que de petites lunettes en soutien, mais le plus gros de ce chemin était fait ! Restait maintenant à apprendre à manger seul !

La néo-nat’ a été le lieu de toutes les premières fois de « vrais » parents : premier bain, premier câlin sans devoir demander la permission et avoir quelqu’un qui vous donne votre enfant, premier biberon… Tout semblait d’un coup tellement plus simple. Tous les fils de toute façon, nous ne les voyions même plus tellement nous étions habitués à tourner autour et le cadre hospitalier était comme notre maison depuis 3 mois donc nous y étions à notre aise !

Mahé a pris son premier biberon avec papa, épatant l’infirmière puisqu’il a tout bu ! Il ne fera qu’une seule frayeur à maman pendant les tétées, avec une grosse désaturation où il est devenu tout bleu ! Ben oui maman, c’est trop bon le bibi, j’ai oublié de respirer !!!!! A part ce petit incident, tout s’est déroulé comme sur des roulettes, et 3 jours avant noël, le 22 décembre 2011, l’infirmière lui retirait tous les fils, plus de scope pour surveiller respiration et cardio. Mahé était un grand, prêt à rentrer à la maison si tout se passait bien les prochaines 48h ! J’avoue que le 24 décembre au matin, c’était un samedi, quand nous sommes venus avec son papa pour notre visite quotidienne, la coque était dans la voiture juste « au cas où ». Et bien évidemment, la première question posée à l’infirmière a été sur son éventuel retour à la maison. Les médecins comptaient en fait nous laisser rentrer avec lui le lundi après Noël, et même pouvaient le garder jusqu’à la sortie de Damien pour nous simplifier l’organisation hôpital/maison. Mais devant notre « légère » insistance et sûrement nos regards pleins d’espoir, le Docteur Gire (qui les suit encore aujourd’hui) nous a dit d’emporter notre cadeau de Noël avec nous ! Je peux vous assurer que ce petit paquet-là a fait sensation comme cadeau de Noël partout où il est passé !!!!

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Mahé retrouvera enfin son frère le 5 janvier 2012, que les médecins laisseront rentrer à la maison suite à une intervention annulée. Oui, parce que une fois sortis, ils ont déjà voulu y retourner ! Mahé en premier (puisque plus costaud sur la respiration), la semaine d’après Damien, ils se sont fait opérer d’une hernie inguinale bi-latérale, intervention relativement classique chez les petits mecs mais sous haute surveillance pour de grands préma comme eux. Interventions qui se sont enchainées par leur vaccination sous surveillance pendant 48h en néo-nat’.